Séminaire de Benoît Laurent

Séminaire de Benoît Laurent - Lundi 19 juin 2023 en salle Millardet à 11h

Vous êtes conviés au séminaire proposé par Benoît Laurent, ingénieur IFV-UMT SEVEN:

"Le suivi de la sporée aérienne des agents responsables des maladies cryptogamiques de la vigne peut-il devenir un nouvel indicateur pour le pilotage des exploitations viticoles ?"

Résumé:

La vigne cultivée est soumise à de nombreuses pressions biotiques, dont deux maladies sont considérées comme les plus préoccupantes pour les viticulteurs : le mildiou causé par l’oomycète Plasmopara viticola et l’oïdium causé par l’ascomycète Erysiphe necator. Le Black Rot, causé par Guignardia bidwellii, devient aussi très problématique dans certaines régions, du fait de l’enrichissement progressif de certaines parcelles en inoculum, et des changements de pratiques (e.g. retrait de certains anti-mildiou efficace aussi sur le black rot). Faute de procédures prophylactiques efficaces, et au risque important de perdre sa récolte, l’utilisation de produits phytopharmaceutiques reste à ce jour la solution la plus sécuritaire et la plus rentable pour contrôler les épidémies de ces maladies. La lutte chimique d’assurance qui consiste à renouveler la couverture phytosanitaire de manière continue durant l’ensemble de la campagne, à l’inverse de la lutte raisonnée, qui ajuste les traitements au risque épidémique, reste donc encore une méthode encore largement employée. La moyenne par bassin de l’Indicateur de Fréquence de Traitements phytosanitaires (IFT) fongicide total, ciblant quasi majoritairement l’oïdium et le mildiou de la vigne, varie donc de 11,8 à 14,1 par saison, posant de nombreux problèmes environnementaux et sanitaires. La prise de conscience collective de ces problèmes ; ciblant doublement les viticulteurs par l’exposition direct à des produits toxiques mais aussi par la baisse des ventes enregistrée dans leurs exploitations, déstabilise fortement la filière vitivinicole. Son avenir dépendra donc de sa capacité à réformer ses pratiques rapidement, sans rupture socio-économique. A ce titre, l’Institut National de la Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE), l’IFV, et Bordeaux Sciences Agro (BSA) se sont associés pour créer dès 2017 l’Unité Mixte Technologique Santé des Ecosystèmes Viticoles Economes en iNtrants (UMT SEVEN), afin d’accélérer le transfert de connaissance du monde de la recherche vers la profession et dont l’un de ces trois axes prioritaires est le développement d’indicateurs précis du risque épidémique à la parcelle. En effet, l’utilisation massive de fongicide réside en partie à de grandes hétérogénéités du niveau d’attaque observés (entre parcelles et en fonction des millésimes) ainsi qu’aux manques de prévisions fiables au niveau de la parcelle permettant d’anticiper ce développement épidémique. Les traumatismes provoqués par des années de fortes pressions parasitaires, et la difficulté actuelle rencontrée pour prédire le niveau d’attaque à la parcelle, renforce d’une part l’utilisation préventive - et parfois non nécessaire - de fongicides ; et d’autre part freine l’adoption de pratiques alternatives, plus risquée en l’état actuel des connaissances.

Dans ce contexte, une mesure de l’inoculum aérien des agents pathogènes (i.e. captage de spores) dans l'environnement viticole a été développée au sein de l’UMT SEVEN, visant à améliorer la prévision du risque à la parcelle et mieux piloter le calendrier des traitements des exploitations viticoles. Les résultats présentés lors de cette intervention s’intéresseront principalement à P. viticola, largement priorisé dans le cadre du projet VISA du fait de son impact dans la région.

Dans ma présentation, je reviendrai sur les résultats majeurs de la thèse d’Antonin, qui ont visés à adapter et évaluer une technique de captage de spores pour comprendre la corrélation entre la mesure de spores, les données climatiques, et la prévision du risque épidémique sur le site de l’Unité Expérimentale de l’INRAE de Bordeaux.

Ensuite je présenterai comment ces travaux ont servis à construire un réseau participatif de ~80 sites de surveillance en Nouvelle Aquitaine et comment se réseau participe au développement de la méthode.

Je discuterai ensuite des avantages et des limites d’un tel dispositif territorial, pour la profession et pour la recherche, ainsi que des prochaines étapes pour arriver rapidement à une réduction significative des IFT dans les exploitations.

Date de modification : 14 août 2023 | Date de création : 14 juin 2023 | Rédaction : BL