Noémie Ostandie

Noémie Ostandie

Doctorante, INRAE <br/><br/> Systèmes viticoles / Agriculture biologique / Biodiversité

Mail : noemie.ostandie@inrae.fr
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Sujet de thèse

Analyse multicritères des performances écologiques environnementales et économiques des systèmes viticoles en agriculture biologique

  • Encadrant : Adrien Rusch
  • Financement : CIVB (projet Alambic)
  • Période: 2018/2021

Résumé

Le principal défi de la viticulture est de développer des systèmes de production qui limitent les impacts environnementaux tout en maintenant des revenus acceptables pour les viticulteurs. L'optimisation des fonctions écologiques soutenues par la biodiversité dans les agro-écosystèmes semble être une voie prometteuse pour le développement de systèmes viticoles multifonctionnels répondant à cet enjeu. Les connaissances actuelles indiquent que l'agriculture biologique (AB) à l’échelle locale et paysagère est un moyen pouvant favoriser la biodiversité et les services qu’elle rend dans les paysages viticoles. Cependant, les connaissances sont actuellement très limitées notamment sur les caractéristiques de la structure des communautés d’organismes qui favorisent les fonctions écologiques. Par ailleurs, très peu de connaissances existent sur les effets des pratiques de l’AB sur les performances agronomiques, écologiques et économiques dans les paysages viticoles au-delà des simples effets sur la biodiversité.

Dans ce travail, nous nous appuyons sur un dispositif expérimental composé de 20 paires de parcelles sélectionnées de manière expérimentale et nous permettant de décorréler les effets des habitats semi-naturels et des surfaces de vignobles conduits en agriculture biologique. Sur ce dispositif, nous avons évalué la multifonctionnalité des systèmes viticoles à travers la caractérisation de communautés à différents niveaux trophiques, la mesure de plusieurs fonctions écosystémiques mais aussi une évaluation des rendements, des coûts de production des itinéraires techniques et de l’utilisation de produits phytosanitaires.

Dans ce travail, nous avons d’abord montré que la prise en compte de la forme de la distribution d’un trait fonctionnel, celui de la biomasse, au sein des communautés de prédateurs permet de mieux comprendre les interactions trophiques et les liens entre biodiversité et régulation naturelle. Nos résultats indiquent que les communautés de prédateurs largement dominées par les espèces à faible biomasse fournissent l'essentiel des services de régulation des œufs de tordeuses. Par ailleurs, nos travaux ont montré que les effets bénéfiques des pratiques de l'agriculture biologique sur la biodiversité ne concernent pas tous les taxons. Ainsi l’agriculture biologique favorise l’abondance des communautés de prédateurs mais diminue l’abondance des pollinisateurs sauvages et les communautés du sol, en raison de pratiques culturales plus intensives comme le travail du sol. Nos travaux montrent également que la multifonctionnalité moyenne ne diffère pas entre parcelles conduites en agriculture biologique et conventionnelle mais que ces performances moyennes équivalentes recouvrent des profils très contrastés en termes de performances individuelles des deux types de systèmes. Ainsi, au-delà des effets positifs moyens sur la conservation de la biodiversité, l’agriculture biologique entraîne des rendements plus faibles, des niveaux de bioagresseurs plus élevés, des IFT plus faibles, mais des coûts de production moindre en comparaison des systèmes conduits en agriculture conventionnelle.

Les résultats de notre étude fournissent (1) des connaissances nouvelles sur l’importance de la diversité fonctionnelle dans les liens entre biodiversité et fonctionnement des agro-écosystèmes, (2) des références contextualisées sur les performances multiples des systèmes viticoles pour guider l’intensification écologique des paysages viticoles, ainsi que (3) des connaissances scientifiques innovantes sur l’effet de l’expansion de l’AB sur la multifonctionnalité des systèmes agricoles.

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